Ami(e)s Auteurs, un contrat d’édition n’est PAS un contrat de travail.
Je pense qu’il est indispensable que chaque auteur, débutant ou
expérimenté, se rentre ça dans le crâne une bonne fois pour toutes. Car
le conséquence directe de ce constat est qu’à aucun moment il ne prend
en compte vos nécessités vitales.
Un contrat d’édition, c’est la mise à plat des conditions auxquelles une maison d’édition
va exploiter les fruits de votre travail, quelles sont les obligations
contractuelles des uns et des autres, ainsi que leurs droits, et comment
va s’ordonner la répartition des gains entre elle et vous. Et plus
particulièrement, quelle sera la part de droits d’auteurs qui vous
reviendra. Hors, la bande dessinée ne pouvant être réalisée en parallèle
d’un autre travail à plein temps, les éditeurs ont pris l’habitude de
céder aux auteurs une somme donnée, en avance sur ces droits, afin que
ces derniers puissent subvenir à leurs besoins pendant la réalisation de
leur livre. Mais dans les faits, le fait de savoir si oui ou non ils
peuvent effectivement subvenir à leurs besoins de manière satisfaisante
n’entre pas en ligne de compte.
Lorsqu’il calcule l’avance qu’il
peut vous consentir, un éditeur ne se pose pas une seule seconde la
question de savoir si vous pouvez vivre avec cet argent. Son calcul est
basé sur un tableau d’amortissement, qui lui permet de déterminer ce que
va lui coûter le livre, à partir de quel chiffre de ventes il peut
commencer à gagner de l’argent, et subséquemment quelle somme il peut
vous avancer sans prendre trop de risque financier. A aucun moment,
durant ce calcul, il ne prend en considération l’argent dont vous avez
réellement besoin pour vivre au jour le jour. Et de son point de vue, il
y a une logique à cela.
Car si il le faisait, il paierait très
cher un auteur « lent », faisant par exemple deux pages par mois, ayant
cinq enfants à nourrir et des dettes à rembourser. Et quasiment rien un
auteur débutant, rapide, et habitant encore chez ses parents. On voit
par là que la situation personnelle et le rythme de travail d’un auteur
ne peuvent pas être réellement pris en considération par l’éditeur, sans
quoi il proposerait, pour le même travail et pour des ventes attendues
similaires (et donc un exercice comptable identique ou quasiment) des
prix variant de 1 à 100. Hors, chez les gros éditeurs en tout cas, on
constate une certaine unité dans les avances consenties. C’est bien la
preuve que le calcul de celles-ci est, quoi qu’ils en disent, TOTALEMENT
déconnecté des besoins réels de vie quotidienne et de budget des
auteurs. Le comprendre, c’est mieux comprendre la logique des gens que
vous avez en face de vous, savoir ce qui vous attend si vous voulez
travailler avec eux, et accessoirement être mieux armés pour négocier.
Car rien n’est plus dangereux que de négocier sur un (immense)
malentendu, et ce d’autant plus que parfois aucune des deux parties n’en
a réellement conscience.
Bisous.
(et faîtes tourner si vous pensez que c’est utile…)